Entre 2011 et 2019, j’ai travaillé sur un doctorat interuniversitaire en histoire de l’art. Je place ici le brouillon de ma thèse. Vous pouvez consulter le plan complet du projet et une description de mon parcours. N’oubliez pas qu’il s’agit d’un brouillon.


4 La Loan Exhibition et l’AAM

4.1 Introduction

L’AAM est une structure associative. Privée, elle sollicite pas l’appui des autorités publiques pour accomplir sa mission éducative. Plutôt, l’ensemble de son action dépend des ressources fournies par ses membres ou récoltées durant ses activités. Cette structure souple lui permet d’exister dans un premier temps.

Dans la définition de sa mission, l’exposition d’oeuvres d’art est le premier moyen envisagé afin de faire la promotion des beaux-arts dans la société montréalaise. Au fil des années, l’AAM va devenir une véritable machine à exposer. Ainsi, entre 1860 et 1914, elle organise 193 expositions1. De ce nombre, trente-et-une sont des « Loan Exhibitions ».

Rappelons que ces événements possèdent six caractéristiques : temporaires, périodiques, uniques, non commerciales, prêtées et collectives. Durant les premières décennies, elles constituent sa principale activité.

La dynamique se transforme radicalement à partir de l’ouverture d’un bâtiment permanent en 1879. À ce moment, un système annuel d’exposition se met en place. Il s’organise autour des expositions des artistes canadiens au printemps, des étudiants des classes artistiques durant l’été et de la « Loan Exhibition ». Il est complété par de nombreux événements ponctuels.

Avec le temps, la place des « Loan Exhibitions » commence à poser problème. La collection permanente se développe. Des œuvres sont prêtées durant une longue période de temps. Des alternatives s’offrent à l’AAM dans l’atteinte de sa mission éducative. L’ouverture d’un local permanent consacré aux beaux-arts attire l’attention. L’AAM est sollicitée de l’extérieur afin d’exposer des œuvres d’art qui circulent.

Après avoir cessé d’être l’activité principale de l’association, les « Loan Exhibitions » deviennent une charge. L’important développement des collections particulières montréalaises y contribue grandement. En conséquence directe, les primes d’assurances deviennent de plus en plus lourdes à supporter. Plusieurs prêteurs doivent assumer ce coût dans l’organisation de ces expositions.

La structure associative de l’AAM résiste mal à cette réalité. En effet, les membres qui prêtent des œuvres doivent désormais débourser un premier montant pour devenir membre de l’association, puis payer de nouveau pour voir leurs œuvres être exposées. Cette source de conflit transforme la « Loan Exhibition » en service aux membres.

L’autonomie grandissante de l’association en 1912, la multiplicité de ses activités, le développement de sa collection permanente, le déclenchement de la Première Guerre mondiale et un certain changement générationnel marquent la fin de ce service. Les trente-et-une « Loan Exhibitions » auront vécu.

1 Répertoire des expositions du Musée des beaux-arts de Montréal. 1860-2016, p.2-16, document conservé au service des archives du Musée des beaux-arts de Montréal.