Entre 2011 et 2019, j’ai travaillé sur un doctorat interuniversitaire en histoire de l’art. Je place ici le brouillon de ma thèse. Vous pouvez consulter le plan complet du projet et une description de mon parcours. N’oubliez pas qu’il s’agit d’un brouillon.


5 Conclusion

L’histoire de l’AAM est marquée par la constance et la fluidité. Énoncée dès 1860, sa mission éducative a été conservée durant toute la période étudiée. Cet idéal n’a jamais été remis en question. Il a organisé l’ensemble de ses activités. Il est demeuré sa raison d’être.

D’une manière similaire, les moyens envisagés pour l’atteindre n’ont jamais changé. L’organisation d’expositions, la constitution d’une collection permanente, l’offre de cours artistiques, l’ouverture d’une bibliothèque et la présentation de conférences savantes ont été au coeur de cette mission. Les difficultés à surmonter sont aussi demeurées les mêmes. Susciter l’intérêt de la population, générer des revenus autonomes et exister d’une manière durable l’ont toujours accompagnée.

La fluidité de l’AAM se trouve dans les réponses apportées pour surmonter ces difficultés. À chaque moment crucial, des soutiens individuels lui ont permis de franchir une nouvelle étape. L’implication initiale du révérend Francis J. Fulford lui a donné un premier souffle. Le legs de Benaiah Gibb et le soutien continu de sa famille ont continué de la faire vivre. Les dations successives et la création d’un fonds de dotation l’ont rapprochée de l’autonomie financière. La valeur accrue de son immeuble et de son terrain au Square Phillips lui a permis de considérer l’avenir avec optimisme. À chaque fois, sans remettre en question sa mission éducative ou sa nature associative, elle s’est renouvelée.

Certaines activités ont facilement trouvé leur place. La bibliothèque a vu ses rayons se garnir de livres. Les cours artistiques ont été offerts à des élèves. La collection permanente s’est enrichie d’oeuvres.

D’autres ont été plus difficiles à cerner. L’exposition d’oeuvres d’art en fait partie. La « Loan Exhibitioni » a d’abord été en adéquation avec l’AAM. Elle la définissait. Or, ce rôle s’est amoindri à chaque fois que l’AAM s’est agrandie. D’abord, elle a cédé sa place à l’exposition des artistes canadiens contemporains. Puis, elle est entrée en compétition avec les prêts à long terme et les autres expositions temporaires. Enfin, coincée dans la réalité financière de l’association, elle a perdu son statut privilégié. Devenue simple service aux membres, elle a été reléguée aux oubliettes dès que l’AAM a pu atteindre une certaine autonomie.

Afin de comprendre cette dynamique, nous avons dû préciser le concept de la « Loan Exhibition » et insister sur la mission éducative et la nature associative de l’AAM. Nous avons aussi défendu l’idée selon laquelle un processus d’institutionnalisation se produit entre 1860 et 1914.

Selon nous, il explique la disparition des « Loan Exhibitions » comme activité privilégiée. En employant le concept de proto-institution, nous avons choisi de mettre de l’avant l’aspect fragile de ce processus. À la lumière du travail présenté, nous croyons qu’il ne se réalise pleinement qu’en 1912, l’AAM atteignant à partir de ce moment son autonomie institutionnelle. La disparition des « Loan Exhibitions » en est un signe visible.