Entre 2011 et 2019, j’ai travaillé sur un doctorat interuniversitaire en histoire de l’art. Je place ici le brouillon de ma thèse. Vous pouvez consulter le plan complet du projet et une description de mon parcours. N’oubliez pas qu’il s’agit d’un brouillon.


4.4 Conclusion partielle

Entre 1860 et 1872, la seule activité qui fédère les efforts de l’association est l’exposition d’oeuvres prêtées. Toutefois, derrière cette expression générique se cachent plusieurs modalités d’exposition distinctes. L’événement organisé au Palais de Cristal dans le cadre de la visite du Prince de Galles se rapproche du volet beaux-arts d’une exposition universelle. L’inclusion d’oeuvres du Montreal Sketch Club ou de la Society of Canadian Artists ne relève pas directement de l’AAM. L’exposition des œuvres offertes dans le cadre de la loterie artistique participe également d’une dynamique différente.

Une élément demeure présent durant tous ces événements : la présence d’une « Loan Exhibition ». La mise en commun d’oeuvres par des prêteurs multiples demeure le moyen privilégié par l’AAM pour atteindre sa mission éducative. À cette occasion, elle transforme son catalogue en outil éducatif. Un début de hiérarchisation est également manifeste dans sa transformation. Les beaux-arts s’éloignent des arts mécaniques ou de l’artisanat. La peinture et l’aquarelle occupent les places d’honneur. Toutefois, cet exercice demeure embryonnaire. L’important demeure la mission éducative. Tout travail allant dans ce sens peut être inclus dans l’exposition. La réalité multiple de la « Loan Exhibition » est aussi présente dans la place accordée à l’art contemporain canadien. Elle se manifeste concrètement dans l’organisation d’expositions par la SCA. Toutefois, l’AAM n’abandonne pas les créateurs locaux. Dans toutes ses expositions, les œuvres locales sont accrochées.

Durant cette période, l’AAM ne réussit pas à diffuser ses pratiques et règles dans le milieu montréalais d’une manière durable. En ce sens, elle ne dépasse pas le stade de la proto-institution. Plutôt, l’importance des relations personnelles demeure primordiale dans ses initiatives. Le rôle fondateur du révérend Francis J Fulford contribue à l’élan initial. Son décès en 1868 n’a pu que l’affaiblir.

L’échec de l’institutionnalisation est visible à plusieurs égards. Malgré quelques tentatives, le développement d’une collection permanente, l’offre de cours artistiques, la constitution d’une bibliothèque, l’ouverture d’une salle de lecture et la présentation de conférences savantes ne réussissent pas à s’installer dans la durée. Seule l’exposition a duré, même si sa pérennité est mise en doute.

Les ressources limitées de l’AAM ne lui permettent pas de surmonter les défis liés à sa mission. Sa nature associative fragilise son soutien. Périodiquement, elle atteint des limites qui mettent en péril sa survie. Le legs de Benaiah Gibb va permettre de dépasser ce seuil. L’AAM va franchir une étape cruciale dans son processus d’institutionnalisation. La « Loan Exhibition » cherchera sa place dans cette nouvelle réalité.